samedi 15 novembre 2014

Je vous aime, je vous désire


Il me semble que je ne serais jamais capable, quelle que soit la langue que j'utilise l'anglais, le français, l'espagnol... d'écrire et de chanter si doux, si juste, si fort,  la soumission, l'abandon. Il est vrai que nous sommes de plus en plus habitués à nous satisfaire de raccourcis sans prévenance : le texto n'est en effet pas forcément le plus adapté à l'amour courtois.

Pourquoi tenter,  lorsque l'ode existe,  risquer de ne pas faire mieux ?

 J'oublie toute velléité créatrice et emprunte ses vers à Othon. Je me pose aux pieds de My Lord et lui lis doucement ce verelay. Mais ne vous y trompez pas ces mots au goût de miel, n'ont d'autres buts que d'éveiller les sens de My Lord, de l'envelopper d'un doux nuage de volupté ainsi paisible, il aura tout loisir de rêver, d'imaginer... de se laisser aller dans un de ces moments où l 'imaginaire et le réel ne font plus qu'un. 

Pourtant, il n'oublie pas que gentes dames et damoiseaux vivent au donjon et n'ignore rien des supplices du moyen âge...  Les tortures et supplices sont particulièrement cruels, l'imagination des bourreaux était sans limite. 

 
Othon de Grandson (XIVe siècle) — Je vous aime, je vous désire


Je vous aime, je vous desir,
Je vous vueil doubter et servir,
Je suy vostrë ou que je soye,
Je ne puis sanz vous avoir joye,
Je puis par vous vivre et morir.

Onques si fort ne vous amay,
Onques tant ne vous desiray
De tout entier le cuer de moy.
Vostre lige suy et seray,
Jamaiz autre ne serviray,
Je le vous jure par ma foy.

Loyal amour me fait sentir,
En penser et en souvenir,
Plus que onques senti n’avoye,
Car il n’est riens que sanz vous voye
En quoy mon cuer prengne plaisir.

Je vous aime, je vous desir,
Je vous vueil doubter et servir,
Je suy vostrë ou que je soye,
Je ne puis sanz vous avoir joye,
Je puis par vous vivre et morir.

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